J’ai décidé de rédiger une seule chronique pour parler des deux premiers tomes de cette saga magique pour deux raisons simples :
- Je les ai littéralement engloutis l’un à la suite de l’autre sans aucune pause pipi, café ou dodo. (bon ok j’exagère, mais vous avez compris l’idée)
- L’intrigue du tome 2 débute exactement au moment où se termine celle du tome 1
Cette chronique (qui est un peu trop longue mais tant pis) ne contiendra pas de spoil car l’histoire d’Ophélie mérite d’être découverte par le prisme personnel de chaque lecteur 🙂
Commençons donc par les résumés de ces deux tomes :
Les fiancés de l’hiver, Christelle Dabos, Gallimard, 2013
Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’Arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.
Les disparus du Clairdelune, Christelle Dabos, Gallimard, 2015
Officiellement introduite à la cour comme Vice-conteuse, Ophélie découvre les mondanités d’un univers où complots et tensions politiques sont à l’œuvre derrière les belles apparences. Entre l’arrivée de sa famille au Pôle et les exigences de Farouk, elle n’a d’autre choix que de s’appuyer sur Thorn, son énigmatique fiancé. Quand des nobles disparaissent les uns après les autres, la liseuse d’Anima doit user de ses talents pour mener l’enquête. Une mission qui va l’entraîner beaucoup plus loin que prévu, au cœur d’une vérité plus redoutable que tout ce à quoi elle s’était préparée…
Des personnages complets et complexes :
Ophélie n’est pas une simple gamine maladroite qu’on marie de force à un homme mystérieux et dangereux. Les caractères des personnages principaux ET secondaires (je pense notamment à Bérénilde et Archibald) se construisent et se complètent au fur et à mesure du récit, tout en justesse et précision. Et c’est ça qui m’a beaucoup plu dans la plume de Christelle Dabos : aucune phrase ne tombe à côté, tout est bien dosé et sonne juste. On en apprend à chaque page, et ça fait du bien de sortir des stéréotypes de l’héroïne-qui-a-besoin-de-son-homme-pour-s’en-sortir et du bad-boy-ténébreux-à-la-vie-remplie-de-secrets.
Un univers cohérent basé sur le principe de rupture
Christelle Dabos a réussi le tour de force qui consiste à créer un univers qui parle à tout le monde mais que chacun a la liberté d’imaginer et de construire. On ne sait pas vraiment si l’intrigue se déroule dans un monde post-apocalyptique de notre planète Terre, ou dans un espace-temps complètement inventé. Tout dans cet univers est en tension, « séparé », divisé :
- les pays sont des arches, morceaux de Terre de centaines de kilomètre cube en lévitation, distants de plusieurs jours voire semaines de voyage, chacun dirigé par un esprit de famille.
- Au pôle, les intrigues de cour et les rivalités de clans sont omniprésentes au sein d’une même famille. Sur Anima, l’arche d’Ophélie, c’est notre héroïne qui est en rupture avec ses contemporains, car elle sort du moule.
- Les personnages sont soit en conflit avec eux-mêmes, soit avec les autres, et sont soumis aux mêmes règles que l’univers dans lequel ils évoluent : les apparences sont parfois trompeuses, mais il est impossible de ne pas en tenir compte.
Cette mise en tension constante est fabuleuse car on sent bien que l’équilibre de ce monde est constamment sur le point de se rompre. Ce qu’on ignore, c’est quand cette bascule va se produire, qui va l’enclencher, et quelles en seront les conséquences.
Personnellement, cela m’a énormément fait penser aux œuvres de Hayao Miyazaki, notamment aux films Le Château dans le ciel concernant la symbolique des arches et de la Citacielle en lévitation. Pour les personnages, Archibald m’a rappelé le personnage de Navet l’épouvantail dans Le château ambulant et mère Hildegarde la sorcière Yubaba dans Le voyage de Chihiro.
J’ai également beaucoup pensé au livre Le Neveu du Magicien de C. S. Lewis (tome 1 des Chroniques de Narnia) concernant la modulation constante de l’espace-temps de ce monde (mon esprit tordu a fait un rapprochement entre Aslan qui crée le royaume de Narnia en chantant et la Mère Hildegarde qui crée et change l’espace comme bon lui semble).
En fait, cet univers a fait résonner des références qui me sont chères tout en développant sa propre esthétique et une genèse unique. Bref, j’ai complètement adhéré.
Et enfin l’intrigue :
U N E _ V R A I E _ C L A Q U E
Je passerai rapidement sur la relation qu’Ophélie et Thorn entretiennent, car je pense qu’elle est centrale dans la représentation que chacun peut se faire de ces personnages (et comme j’ai décidé de ne pas spoiler..) Sachez juste que ces deux-là sont deux caractères forts qui apprennent (plus ou moins) à s’apprivoiser (à peu près). Leur relation ne prend pas forcément la tournure que l’on voudrait au moment où on le souhaiterait, et ça c’est bon ! Ne pas contenter le lecteur avec des scénarii courus d’avance mais détourner son attention pour frapper magistralement plus tard !
On a rarement vu un récit aussi bien mené et des symboliques aussi bien traitées. Je pense notamment à cette partie de l’intrigue qui tourne autour de la lecture (au sens commun du terme et au sens « remonter le passé de l’objet en établissant un contact physique avec lui ») d’un Livre qui devrait dicter la conduite de toute l’humanité (vous avez chopé la référence ?). Je pense aussi au fait qu’Ophélie puisse traverser les miroirs pour se déplacer. Pour aller où elle le souhaite, pour avancer, elle doit se faire face, ne pas se voiler la face, « se ré-fléchir » dans le sens opérer un retour humble et lucide à soi. Et puis, en parlant de « passe-miroir », on pense forcément à Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll…
Tension, humour, attente, soulagement, rire, joie, déception, angoisse. Je suis vraiment passée par beaucoup trop d’émotions en lisant ces livres (mon petit ami ayant subi les « mais noooooon », « aaaaah bordel pourquoi ? » et autres « ce livre va me tuer… » que j’ai poussés en lisant les derniers chapitres du tome 2 qui m’ont juste retourné le crâne.)

EN BREF : UN VÉRITABLE COUP AU CŒUR
Une histoire addictive, une héroïne maladroite mais persévérante au milieu d’un monde sans pitié, un univers ultra développé et intriguant, des problématiques profondes, un mythologie dingue.. Tout dans ce bouquin est d’une justesse folle, pas une phrase en trop, l’écriture est précise, les personnages complets et complexes, l’intrigue haletante, les retournements de situations imprévisibles.. Bref. Un véritable coup de cœur que j’ai dé-vo-ré. Ça ne m’était pas arrivé depuis mon adolescence, et ça fait un bien fou !
Si vous ne les avez pas encore lus, foncez.
Bonus :
J’ai eu la chance de rencontrer Christelle Dabos à la librairie Royaumes (Paris 13, les photos ici), et je lui ai demandé comment elle caractériserait son univers en 3 mots. Sa réponse ?
« Alors comme je suis une animiste, je réfléchis à travers les objets.. Donc je dirais : écharpe, lunettes et montre à gousset ! »
Bonus 2 :
Retrouvez mon avis (spoiler alert) sur le tome 3 ici !
Les liens utiles :
Le site officiel de la Passe Miroir | Le site de l’illustrateur des couvertures | L’actu des romans Gallimard Jeunesse
Ta chronique est sublime ! Tu poses les mots exacts sur ce que j’ai ressenti durant la lecture de cette saga incroyable. J’ai eu un véritable coup de coeur pour l’univers dense inventé par Christelle Dabos. Sans parler des personnages tous plus intéressants les uns que les autres, et de l’intrigue de malade mental (je suis retournée par la fin du tome 2) ! Enfin bref, un gros gros gros coup de coeur, je suis trop impatiente pour la sortie du t3 ! ❤❤❤
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Merci beaucoup ça me touche énormément parce que j’ai vraiement galéré à écrire cette chronique ! Je ne savais pas si j’en disais trop ou pas assez haha !
Et oui, tellement impatiente aussi…
Ca te dis une lecture commune du tome 3 ? 😀 ❤
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C’est sincère ♥ ! Tu dis exactement ce qu’il faut dire, autant pour ceux qui ne l’ont pas lu que pour ceux qui l’ont lu !
Ohhhh, avec plaisir pour la lecture commune ! ♥♥♥
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😀 c’est noté ! rdv en juin alors ! Tellement hâte..
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C’est tellement loin ! Mais je suis trop impatiente ! Je compte les jours 😀 ♥
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De même !
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J’aime énormément cette saga ! Le tome 2 m’a époustouflée, tant l’intrigue tend vers quelque chose de différent et de recherché ! Hâte de découvrir le tome 3 !
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Clairement, j’ai trouvé cette fin magistrale. Elle ouvre à tellement de choses :O
Et oui ce tome 3 se fait plus qu’attendre !!
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Prête pour le tome 3 ? ^^ 😀
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Carrément ! mais je dois attendre ce week-end pour aller le chercher >.<
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Ah, moi je l’aurai demain, j’ai trop hâte ^^
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J’espère qu’il sera à la hauteur de nos espérances ! 😀
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J’ai déjà lu plusieurs commentaires sur d’autres blogs et je suis plus que certaine de les acheter, un véritable coup de coeurs pour beaucoup de blogueuses. Merci encore!!
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Ohlalalala mais fooooooooooooooonce ! Clairement cette saga est à tomber !
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Oui je vais là rajouter à ma PAL, tu peux en être certaine.
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Superbe chronique ! Et la prouesse de n’y mettre aucun spoilers, félicitations 😊
Tu as réussi à mettre le doigt sur un truc : à chaque fois que je voyais le nom de la mère Hildegarde, une image me venait en tête. Mais qui était-ce ? Grâce à toi j’ai trouvé ma réponse !
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Merci beaucoup 😀 Je suis contente que cette chronique t’ait plu !
Et heureuse d’avoir participé à la résolution de ton problème hihi !
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Mango : Une bien belle chronique 🙂 Je te dirais que depuis Harry Potter, aucune série merveilleuse/fantastique ne m’avait plu à ce point! J’ai littéralement engloutis ce roman! L’univers est incroyablement original et les personnages sont très colorés. J’ai adoré que Thorn ne soit pas « le beau gosse arrogant » et qu’il ait un physique « anormal ». Ophélie est une perle et j’ai bizarrement adoré Bérénilde 😛
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