Album Casterman
Antoine Guilloppé
2014
13.95€
Résumé :
Il fait froid, l’orée du bois se dessine en ombre chinoise sur fond de nuit. Le loup guette, il rôde. Bientôt il neige, le hibou se réveille. Le garçon presse le pas. Trop tard ? Le loup surgit, il bondit…
Mon avis :
La particularité et la force de cet album résident dans le fait qu’il n’y a absolument aucune parole, aucune phrase, aucun récit classique à proprement parler. Hé oui, nous sommes face à un album muet. Et c’est là que la magie prend place. Cet album raconte, sans l’aide de mots, en finesse et poésie, les idées reçues, les préjugés, les amalgames qui peuvent se créer si l’on s’en tient aux premières impressions. Les illustrations d’Antoine Guilloppé sont construites sur une opposition nette et franche des couleurs : on ne peut choisir meilleurs contraires que le blanc et le noir. Le loup en noir, le personnage humain en blanc. Le bien contre le mal ? Ce contraste joue avec le « lecteur », lui sous-entend certaines interprétations et lui en cachent d’autres. On s’amuse à donner un sens à ce que l’on voit, et on se crée sa propre histoire. le minimalisme des images répond à la pluralité des sens qu’on y trouve. Le froid, la peur, le danger, l’appréhension, le suspense.. Toutes ces sensations sont retranscrites à travers de « simples » images et c’est tout simplement génial. J’ai lu ce livre avec mes yeux d’adultes, prenant en compte les principes foireux du monde d’aujourd’hui. Cet album m’a bien eue. La main dans le sac des préjugés. J’aimerais beaucoup avoir l’occasion de le lire avec un tout petit, et que ce soit lui qui me raconte l’histoire, à travers ses yeux et son interprétation des choses. Je pense qu’il y aura beaucoup à apprendre.


Il faut toujours hurler avec les loups, voilà ce que je pense. C’est la seule manière d’être en
sécurité.
George Orwell, 1984